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Collectif logement paris 14

Rédigé par Nadia Sweeny | Mercredi 21 Juin 2006 à 15:04

           

Suite à l’expulsion du squat du 26 rue de la Tombe Issoire, le 2 septembre 2005, l’idée d’un collectif logement a paris 14ème émerge. La décision définitive sera prise lors de l’expulsion de Marie Christine, mariée avec trois enfants, pour cause de fermeture de sa loge de gardienne d’immeuble. De nombreux parents d’élèves, dont les enfants fréquentent le même établissement scolaire, se sont mobilisés. Cependant plus les semaines passent, plus la situation empire dans ce quartier parisien.




Un petit déjeuner du colletif
Un petit déjeuner du colletif

Un collectif pour une situation d’urgence

C’est donc à l’initiative de quelques habitants du quartier, Cécile, Paul, et d’autres membres et militants d’associations, que le collectif s’est crée en fin d’année 2005. Son premier objectif est de venir en aide aux familles expulsées ou à la recherche d’un logement décent. Ces familles, pour la plupart dans des situations d’urgence, logent à l’hôtel. Surpopulation, loyer très cher pour des surfaces ridicules, pas de douche ni de WC dans les chambres, saleté et insalubrité sont leur lot quotidien.

La problématique du logement est complexe et dépends grandement de la situation des demandeurs. Généralement, ces familles sont démunies et évincées dès le début de la « course au logement » par la simple demande de justification de revenus, souvent trop élevé pour eux. Paradoxalement, le prix au mois d’une chambre d’hôtel est nettement plus élevé que les loyers proposés pour la même surface, et ces familles sont pour la plupart à jour dans leur paiement. Ainsi, certaines sommes atteignes 1 500 à 2000 euros par mois pour une chambre d’hôtel ne dépassant pas les 10 m².

Chaque semaine, le collectif grossi ses rangs de personnes en difficultés et de nouveaux expulsés : c’est la saison. En effet, une trentaine d’avis d’expulsions sont en cours rien que dans le quatorzième arrondissement de Paris. La ville compte plus de 100 000 demandeurs. Au sein du Collectif Logement paris 14ème, certaines familles sont en attente depuis plusieurs dizaines d’années. Un vieux monsieur s’exclame : « Moi j’ai fait ma demande de logement, Giscard d’Estain était encore au pouvoir ! »

Intermédiaire entre les familles et les pouvoirs publics

En terme d’actions concrètes, le collectif a déjà contacté à plusieurs reprises la mairie du 14ème, qui les a reçu le vendredi 19 mai. La mairie d’arrondissement n’a apparemment pas un contingent locatif assez important pour satisfaire les besoins du collectif et renvoi ce dernier vers la préfecture. Chose importante, le collectif a obtenu le soutient du Maire du 14ème, M. Castagnou et de son équipe. C’est peut être ce poids qui a permis au collectif d’obtenir de la préfecture une étude approfondie des dossiers des familles citées. En effet, est joint à chaque lettre, la liste des familles et leur numéro de dossier. Une réponse au cas par cas sera donc transmise.

Le principal intérêt du collectif est d’être un intermédiaire puissant entre ces personnes démunies et les pouvoirs publics. Car le système français et ses complications échappent généralement à ces familles, souvent issues de l’immigration. De nombreux réseaux d’associations s’installent, incluant le collectif. Ainsi, Dans certaines situations, le fait d’avoir un intermédiaire est très important. Par exemple, dans les rapports avec la Police Nationale. Une famille s’était vue couper l’électricité par le responsable de l’hôtel dans lequel elle vit. Un retard de paiement d’une journée était la cause de cette coupure de courant. Ainsi, les deux enfants ne pouvaient pas faire leurs devoirs. Une femme du collectif a donc accompagné la mère au commissariat. Elles ont obtenues le rétablissement immédiat de l’électricité, non sans une réflexion désagréable de la part des policiers.

Un autre exemple assez frappant de la relation des familles avec certaines assistantes sociales. Ne pouvant plus payer l’hôtel, une mère de trois enfants a été demander de l’aide à son assistante sociale : « Elle m’a clairement dit que si je ne pouvait pas m’occuper de mes enfants, ou les loger correctement, elle les ferait placer. Je suis venue pour qu’elle m’aide et elle veut m’enlever mes enfants. Je n’y retournerai plus. » Témoigne Marie Christine. C’est ainsi que le collectif obtient une plus grande confiance de la part des familles.

Forum Social Local Paris 14
Forum Social Local Paris 14

Comment agir ?

Le collectif logement paris 14 se réuni une fois par semaine. Tous les mardi matin de 8h à 9h place Flora Tristan, les familles se réunissent avec les membres du collectif pour offrir à tous ceux qui le veulent, un petit déjeuner. La rencontre et le rassemblement sont donc les mots d’ordre. Plus le nombre de personnes est important, plus le poids du collectif l’est aussi. Une réunion mensuelle dans les locaux d’une association de quartier, est aussi organisée tous les premiers vendredi de chaque mois.

Durant le mois de juin, le repas de quartier a réunis plusieurs dizaines de personnes sur cette même place. De plus, du 16 au 18 juin a eu lieu le Forum Social Local. Le collectif a eu la possibilité de s’exprimer sur les problèmes de logements et de présenter son action à la population du 14ème. Les membres ont même fabriqué un logement « type » d’environ 10m², la surface d’une chambre d’hôtel, afin que les visiteurs se rendent compte de l’urgence de la situation.

Ce petit collectif est quelque peu victime de son succès. Chaque semaine ses rangs se grossissent de personnes en difficultés. Régulièrement, les instigateurs du mouvement sont interpellés par des familles sur le point d’être expulsées. La question est de savoir que faire à ce moment là. Doivent ils empêcher coûte que coûte l’expulsion en organisant, à l’instar du Droit Au Logement (DAL), de véritables occupations des lieux ? Un véritable casse tête pour certain. Car si ces actions font parler d’elles, elles ne sont pas forcément efficaces. Non seulement pour le locataire mais encore moins pour le propriétaire, qui s’il est un particulier, durcira ses critères en vue d’une relocation.

Le but commun est, à long terme, de changer la politique d’aménagement des villes qui réduit malheureusement chaque année la part de logements sociaux à Paris ou dans les banlieues proches. Car si le gouvernement détruit des bars d’immeubles, il ne reconstruit pas autant de logements aussi accessibles pour les déshérités. Ainsi, les prix flambent et les familles sont relayées aux banlieues de plus en plus lointaines. Une problématique bien trop générale pour ce petit collectif, dont la priorité est de permettre à ces familles de vivre mieux au quotidien.







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