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Monde

Cinq ans après la révolution, la Tunisie à la recherche d’équilibres (vidéos)

InterFaith Tour Africa 2016

Rédigé par Christophe Cadiou, Héléna Houard et Saïkou Camara | Lundi 8 Août 2016 à 10:40

           


Le logo de Coexister calligraphié par le graphiste Khalilo Ayed à Kairouan, pendant le voyage effectué par Christophe Cadiou, Héléna Houard et Saïkou Camara en Tunisie du 1er au 9 juillet, première étape de leur InterFaith Tour Africa.
Le logo de Coexister calligraphié par le graphiste Khalilo Ayed à Kairouan, pendant le voyage effectué par Christophe Cadiou, Héléna Houard et Saïkou Camara en Tunisie du 1er au 9 juillet, première étape de leur InterFaith Tour Africa.
Arrivés à l’aéroport de Marseille direction Tunis, nous apprenons que notre vol est retardé et nous passons ainsi, déjà, un fort moment d’équipe, rompant le jeûne ensemble, dans la salle d’embarquement. Après un premier vol d’une longue série, nous voilà en Tunisie. La Tunisie, première étape de notre projet que nous attendions avec tant d’impatience et pour cause…

Marquant le début de notre aventure à trois, ce pays est l’un des seuls où aucun de nous n’était déjà allé. Pays « de Bourguiba » dit à 98 % musulman, ces dix jours entre Tunis, Kairouan (ville considérée comme la quatrième ville sainte de l’islam après La Mecque, Médine et Jérusalem), Monastir et Sousse nous ont permis d’en apprendre plus sur les réalités de la Tunisie et les défis actuels et à venir.


À l’église Sainte-Jeanne-d’Arc de Tunis, avec Pascal Aude et le P. Nicolas.
À l’église Sainte-Jeanne-d’Arc de Tunis, avec Pascal Aude et le P. Nicolas.
Cette population tunisienne est fascinante, pleine de colère mais aussi avec beaucoup d’espoir, après une révolution qui pour certains a été un échec et d’autres le début d’une nouvelle ère, certes toutefois longue et sinueuse. Contraste entre traditions et modernité, nous avons rencontré une jeunesse plurielle et engagée, l’équilibre marquant leur volonté d’agir.

Recherche d’équilibre de la part d’une jeune population qui se sent surexploitée car ses compétences ne sont pas assez mises en valeur. Malgré de longues et brillantes études, la jeunesse tunisienne connait un taux de chômage très important et beaucoup ne croient ainsi plus au système scolaire qui promet de trouver du travail et une situation stable.

Après la révolution, cette population en attendait tellement qu’elle est déçue et rêve maintenant d’un autre, voire d’un ailleurs.

Recherche d’équilibre pour d’autres essayant d’expliquer la perte de certains de leurs frères tunisiens partis faire le fameux « jihad ». De toutes les explications, ils sont d’accord sur une chose : cela ne concerne qu’une infime frange de la population qui n’a pas bénéficié d’assez d’éducation religieuse, notamment islamique, rêvant de fait d’un « islam idéalisé ».

Recherche d’équilibre d’une population dont toutes les femmes rencontrées se disent féministes dans un pays où, remarquablement, les femmes et les hommes ont le même salaire pour un même poste. Ces femmes pour qui le féminisme revêt diverses formes au quotidien et qui est non pas la quête absolue de la liberté de la femme mais un équilibre entre femme tunisienne, femme musulmane ou non, femme voilée ou non, femme qui veut tout simplement montrer qu’elle est autant capable.

Avec les membres de l’ONG We Love Kairouan.
Avec les membres de l’ONG We Love Kairouan.
Recherche d’équilibre pour certains voulant pleinement affirmer leur non-foi en Dieu à Kairouan, en ayant tout simplement le droit de boire de l’eau ou de fumer une cigarette en public durant la journée pendant le mois de Ramadan, sans se prendre les colères de la majorité de confession musulmane, dont certains ne conçoivent pas encore que l’on puisse ne pas croire en Dieu.

Toutefois, ces jeunes rencontrés nous le disent eux-mêmes : même si cela ne poserait pas de problème, ils préfèrent respecter les traditions et les convictions de leurs parents en s’abstenant publiquement.

Finalement, un équilibre pour une coexistence plus active car si elle a été par le passé très forte et visible, aujourd’hui elle l’est de façon plus passive et moins visible.

En effet, même si les personnes de différentes communautés religieuses cohabitent ensemble, au travail ou dans la vie de tous les jours, avec des ami.e.s d’une autre conviction, la curiosité de l’Autre tout aussi tunisien décroît.







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