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Religions

Cent ans de laïcité 'à la française'

| Vendredi 9 Décembre 2005 à 10:15

           

C’est il y a cent ans jour pour jour, le 9 décembre 1905, qu’était votée la loi dite « sur la laïcité », plus exactement intitulée « loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat ». Un siècle plus tard, le sujet est sensible, surtout s’agissant de son application à la communauté musulmane et à l’Islam, dernière religion implantée en France.



Aristide Briand à l'Assemblée
Aristide Briand à l'Assemblée

Combat

Qu’est-ce au juste que la laïcité, ce terme exclusivement français auquel on ne trouve aucun équivalent, que ce soit dans les pays d’Europe ou dans le monde ? La laïcité à la française correspond en fait à toute une série de lois laïques votées à partir des années 1880. Deux périodes vont alors voir la France s’acheminer, dans une lutte constante avec l’Eglise, vers la loi de séparation de 1905. La première période, qui va de 1882 à 1886, correspond à la séparation de l’école et de l’Eglise. Puis, toujours sur fond de lutte entre l’église catholique et l’Etat, et ce jusqu’en 1945, en 1905 est votée la fameuse loi dont nous commémorons aujourd’hui les cent ans d’existence.

Hostile à la République et à la démocratie, en majorité favorable au retour de la monarchie, l’Eglise est perçue comme une ennemie par la République qui compte, avec la loi de 1905, contrecarrer son influence. Mais la loi du 9 décembre 1905 entraînera une crise et une rupture avec le Vatican, alors dirigé par le Pape Pie X, qui condamne vigoureusement le texte. Autre élément, autre facteur déclencheur de la naissance de cette loi, c’est l’affaire Dreyfus. En effet, la droite catholique dans sa majorité est alors anti-dreyfusarde, attitude qui sera sanctionnée.

Aristide Briand, du parti socialiste naissant, sera le rapporteur de la loi de 1905, loi qui sera plus tard amendée dix fois. « La République assure la liberté de conscience et garantit le libre exercice des cultes ». Elle « ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte » dit le texte. « Il est interdit, à l'avenir, d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l'exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou des expositions » stipule-t-il.

Islam et laïcité

Or, à cette époque en France, l’Islam est quasiment inexistant. En tout cas, la religion musulmane est loin d’être la deuxième de France et la communauté musulmane est infime. La question du voile n’est donc pas évoquée. Seuls sont interdits les signes religieux apposés dans les lieux et édifices publics. Il faudra attendre 2004, et la loi du 15 mars de la même année, officiellement intitulée « Loi encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics », mais officieusement et communément appelée « loi sur le voile », pour voir interdits tout les signes religieux à l’école.

Islam et laïcité : un thème autour duquel on s’agite, on argumente, on philosophe et on raisonne énormément ces derniers temps, sans toutefois que personne n’y apporte ne serait-ce qu’un début de réponse adaptée et satisfaisante. Et le climat d’abus qu’a entraîné la loi du 15 mars 2004 n’est pas pour rassurer une communauté musulmane totalement absente du débat. Pourtant, il est aujourd’hui indispensable de faire évoluer cette valeur qu’est la laïcité afin qu’elle soit capable d’intégrer l’Islam.







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