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Sur le vif

Caricature: un dessinateur marocain remporte le concours iranien

| Jeudi 2 Novembre 2006 à 15:48

           


Un dessinateur marocain dressant un parallèle entre l'extermination des Juifs et la situation des Palestiniens a remporté le concours iranien de caricatures de l'Holocauste.

Ce concours, dont le palmarès a été rendu public mercredi soir à Téhéran, avait été présenté par l'Iran comme une riposte à la publication au Danemark de caricatures du prophète Mahomet. Le concours, visiblement inspiré des sorties régulières du président iranien Mahmoud Ahmadinejad appelant à la destruction d'Israël, a suscité de vives réactions internationales.

Le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan avait notamment exprimé sa désapprobation, estimant qu'il vaudrait mieux "éviter tout ce qui incite à la haine".

Hajar Smouni, de Reporters sans frontières, a dénoncé le "mauvais goût" de ce concours. "C'est une simple provocation de la part des autorités iraniennes qui ne font pas preuve de la même ouverture avec leurs journalistes locaux qui osent publier des caricatures critiques envers le régime", a-t-il commenté, joint par l'Associated Press. Le journal "Hamshahri", co-organisateur de l'exposition et du concours, avait au contraire déclaré vouloir tester la tolérance de l'Occident.

Le dessinateur marocain Abdollah Derkaoui a reçu le premier prix doté de l'équivalent de 9.400 euros pour un dessin représentant une grue israélienne en train d'édifier le mur de sécurité, cachant peu à peu la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem. Une représentation de l'entrée du camp d'extermination d'Auschwitz figure sur le mur.

La mosquée Al-Aqsa est le troisième lieu saint de l'Islam. Selon le ministre iranien de la Culture Hossein Saffar Harandi, ce dessin montre que les Palestiniens ont été des victimes indirectes de l'Holocauste. "Les dessinateurs ont exprimé leur haine des oppresseurs et leur amour des victimes" palestiniennes, a-t-il dit.

Le porte-parole du ministère marocain des Affaires étrangères Aziz Ouarrak s'est dit persuadé que le dessin de Derkaoui n'affectera pas les bonnes relations du royaume avec Israël. Selon le ministère israélien des Affaires étrangères, "le régime iranien a malheureusement rejoint le choeur obscène de la négation de l'Holocauste".

La dessinatrice française Chard, qui publie régulièrement dans l'hebdomadaire d'extrême-droite "Rivarol", a obtenu le deuxième prix, doté de l'équivalent de 6.300 euros, ex-aequo avec le Brésilien Carlos Latuff. L'Iranien Shahram Rezai a obtenu la troisième place, doté de l'équivalent de 4.000 euros.

Le concours a donné lieu a l'exposition de 204 oeuvres venues du monde entier au musée d'Art contemporain de Téhéran. Selon son responsable Masoud Shojai, le concours devrait être répété chaque année. "En fait, nous continuerons jusqu'à la destruction d'Israël", a-t-il affirmé. L'exposition a attiré peu de visiteurs, en dehors des étudiants d'écoles publiques qui ont été conduits au musée par leurs professeurs.

Depuis, l'Iran a annoncé son intention d'organiser une conférence présentée comme scientifique consacrée à l'Holocauste. Cette conférence, dont on ne sait pas où elle se tiendra ni qui y participera, devrait examiner les "preuves scientifiques" de la réalité de l'Holocauste.




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