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Bilan et perspectives du CFCM

Rédigé par Dounia Bouzar | Samedi 17 Juin 2006 à 20:00

           

Le fonctionnement du Conseil français du culte musulman (CFCM) reste peu connu. Par manque de communication ou par manque d'expérience, le conseil n'a ni logo, ni site Internet. La fréquentation de son siège social reste vague puisque les réunions ne s'y tiennent pas. Pourtant des commissions ont été mises sur pieds autour des dossiers sur lesquels le CFCM est attendu. Ces commissions font un travail effectif et les quelques rapports édités sont très faiblement diffusés. Dans l'espace public, l'activité du CFCM s'articule ainsi autour de ses trois grandes fédérations : la Grande Mosquée de Paris, la Fédération nationales de musulmans de France, l'Union des organisations islamiques de France. Les autres fédérations et les personnalités indépendantes, souvent de grande qualité, qui siègent au Conseil d'administration du CFCM sont maintenues dans l'ombre. Au terme de son premier mandat, l'on s'interroge sur le fonctionnement interne du CFCM. Comment se déroule une réunion du CA? Comment sont prises les décisions et surtout comment sont déterminées les priorités? Pour aborder ces questions dont dépend l'efficacité du CFCM, Dounia Bouzar a accepté de partager son expérience avec les SaphirNautes.


Invité(s)
Présentation
Bouzar Dounia
 
Dounia Bouzar est chercheure anthropologue. Elle s'intéresse particulièrement aux musulmans nés en France, ceux qu'elle nomme « les premiers français musulmans ». De ses travaux, elle a tiré quelques ouvrages désormais des classiques sur la question de l'islam en France. C'est au mois de mars 2003 que madame Bouzar fut invitée à siéger au Conseil d'administration du CFCM en tant que personnalité indépendante. Mais le 4 janvier 2005, elle a démissionné de son poste. Elle explique son choix dans « ça suffit » (ed, Denoël) publié au mois de mai 2005.

 
   Posté par Rachid
le 16-06-2005 à 10:06:52
Question : salam alaykoum, J’ai deux questions à vous poser. Votre démission du CFCM, montrait t’elle votre difficulté, voir inexistante de progrès proposé par la direction. Pensez vous que certain bloque la participation de certain(ne) pour mieux contrôler, et diriger et donc créé une forme de « dictature ». A votre avis, qu’elle ait la plus grosse faille du CFCM ? Barakallahoufikoum, cordialement
Réponse de Dounia Bouzar :
Paix sur vous également. Non, je ne crois pas qu’on puisse parler de dictature, cela voudrait dire que certaines personnes ont une volonté délibérée d’imposer leur opinion. Pourtant, j’ai fréquenté des gens authentiques au sein du CFCM. Ils croient en ce qu’ils font et je pense sincèrement qu’ils essayent de faire pour le mieux, même si je leur reproche d’être dans la recherche du pouvoir et de la plus grande place au lieu de s’occuper des questions de sens. Ce qui freine le progrès, pour reprendre votre terme que je partage, c’est plutôt lié à la question de « vision du monde ». Sur le registre inconscient donc. Les « anciens » ont souvent grandi dans leur pays d’origine. Ils sont issus d’une culture clanique (le clan décide de la place de l’individu). Alors que les jeunes nés en France ont appris à dire « je » (je vérifie ce que le clan me dit), sont élevés comme dans toute ville moderne à l’autonomie, et donc remettent en question bon nombre de traditions. Le critère ethnique, pour eux, n’est guère important. On est tous musulmans, quelque soit sa couleur, son origine sociale, le pays de ses ancêtres, etc. Cette différence de vision du monde amène bien des incompréhensions. Ceux qui sont nés ici n’ont qu’un rapport affectif avec leur pays d’origine, alors que les « anciens » ont parfois un rapport économique et même politique. C’est le cas de certains du CFCM. Pour tout dire, je suis assez déçue que ce soient les mêmes qui soient reconduits, même si je reste attachée à eux et que je les respecte. Mais leur histoire n'est qu'une partie de la nôtre, et nous devons la continuer. J’étais persuadée qu’il n’y aurait plus de personnalités qualifiées (non élues) et que les jeunes remplaceraient ou se mélangeraient avec les autres… Enfin, si Dieu veut, cela va se faire avec le temps...

 
   Posté par yassine
le 16-06-2005 à 13:06:22
Question : pourqoi l'islame nexiste pas d'aprés vous
Réponse de Dounia Bouzar :
Ce n'est pas l'islam qui n'existe pas!!! C'est "Monsieur islam"... Ce titre vient d'une expression qui part d’une anecdote entendue sur le terrain : lorsque les jeunes demandent à Tariq Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux, « ce que l’islam dit », l’imam répond : « Je peux te dire ce que moi, Tariq Oubrou, je comprends là et maintenant de ce que l’islam dit » ; Et les jeunes insistent : « On ne veut pas savoir ce que toi tu comprends mais ce que l’islam lui-même énonce ! » Et Tariq Oubrou leur répond : « Eh bien si tu veux savoir ce que l’islam dit, vas donc chercher Monsieur Islam pour savoir ce qu’il dit ! » C''est donc juste un rappel que personne ne peut prétendre détenir la pure vérité de ce que Dieu veut nous dire et que les interprétations sont toujours humaines. Seul le Coran est sacré!

 
   Posté par Adam
le 16-06-2005 à 16:06:26
Question : Pourquoi Dounia Bouzar n'est pas voilée?
Réponse de Dounia Bouzar :
C’est hors sujet, et je vois que tu ne me souhaites même pas la paix sur moi... Ce qui ne regarde que toi dans ta relation à Dieu... mais je tiens quand-même à répondre. Au risque de choquer certains frères et sœurs, ma compréhension personnelle du message divin ne place pas le foulard comme une obligation. Si je lis l’ensemble du Coran, il me semble que Dieu a voulu toucher le cœur des arabes de l’époque pour les amener, par différents versets, à considérer les femmes comme des êtres humains égaux et complémentaires. Il a utilisé divers moyens adaptés à cette époque pour toucher les cœurs et provoquer un changement radical, notamment dans le traitement des femmes, mais ce que je comprends, c’est que l’islam rend l’homme responsable. Parce qu’il n’y a pas de clergé, chacun de nous est relié à Dieu directement. Cela doit mener, à mon humble avis, les hommes à ne pas réduire les femmes à un objet sexuel sans que cette dernière n’ait besoin de cacher sa beauté. Pour moi, c’est cette finalité qui est sacrée, pas les moyens mis en place au fil des siècles pour y arriver. D’autant que les deux versets ne sont pas si clairs que ça et qu’il peut y avoir débat théologique. Mais moi, personnellement, si je cachais « ma beauté », c’est que je partirais du principe que le frère en face de moi n’est pas responsable de lui. Ce serait plutôt devant certains hommes qui sont perdus dans l’alcool ou la drogue que j’aurais envie de me voiler, parce que eux n’ont aucune responsabilité ! Cela m’arrive, d’ailleurs, lorsque je rentre très tard dans le métro… Ceci étant dit, vous n’êtes pas sans savoir que j’ai toujours défendu les sœurs qui comprennent le foulard comme une obligation religieuse et que je me suis battue contre la loi au moment de la publication de L’une voilée l’autre pas, que j’ai écrit avec ma sœur Saïda Kada. Je n’impose mon interprétation à personne mais hors de question que quelqu’un m’impose son interprétation du message de Dieu… Moi, je te salue et te souhaite la paix sur toi, mon frère, même si toi tu ne me considères pas comme ta soeur parce qu'on voit mes cheveux.

 
   Posté par kheira
le 16-06-2005 à 19:06:26
Question : salam aleykoum voila, c pas vraiment une question , mais je tenais a vous dire, meme si parfois je ne suis pas daccord avec ce que vous ecrivez je tiens a vous manifestez ma grande sympatie et vous souhaitez pleins de bonne choses baraka allahoufikh assalam alikhoum
Réponse de Dounia Bouzar :
salem, ce n'est pas important d'être d'accord ou pas d'accord. Moi même, je suis souvent en désaccord avec mes propos d'année en année, je vois et comprend des nouvelles choses que je tente de partager avec mes lecteurs. Cela n'a qu'un seul but ! réfléchir tous ensemble pour mieux avancer. Tenter d'être le plus cohérent possible entre ce qu'on pense, ce qu'on croit, ce qu'on fait, ce qu'on ne fait pas aussi... expérimentation, compréhension, vérification, et on recommence... si déjà on se pose de bonnes questions, je pense qu'on avance... chacun de sa place... merci pour votre confiance et votre soutien. Que Dieu vous protège.

 
   Posté par Etoile
le 16-06-2005 à 19:06:33
Question : Salamu Alaikum wr wb, Ma soeur, Ne pense tu pas que les francais musulmans ( née en France ) doivent mettre a jour une organisation consciente de leurs problèmes de leurs soucis et attentes, loin des organisations existantes et jusqu'a date n'ont pas pus comprendre les enjeux sociaux-politiques ...?
Réponse de Dounia Bouzar :
Paix sur toi aussi. Je pense que ce qui manque le plus, ce sont des lieux pour débattre. Mais le manque est si grand qu’il faut faire attention à ne pas tout mélanger. SI l’on mélange les questions de sens (du religieux) et les questions d’ordre socio-politique, je me suis rendue compte que cela baisse le niveau des deux domaines. Par exemple on élabore des versions sans nuances de l’histoire pour défendre l’islam ou les musulmans, ou on ne remet pas en question telle partie de la construction de la théologie musulmane par peur de donner des armes pour se faire battre par des politiques. C’est très compliqué de débattre sur l’islam. On nous reproche de ne pas nous remettre en question mais dès qu’on tente de le faire, on utilise cela pour alimenter la peur de l’islam. Et les musulmans vous tombent dessus !!! Ce qui nous faudrait, ce sont des petits réseaux pour discuter librement sans que cela soit public, en libre pensée totale. Je pense que cela est en train de se créer, certains étudiants par ci, d’autres professionnels par là… Certains groupes se font aussi avec des non musulmans. C’est à cela que je pense quand je parle de « majorité silencieuse ». Je vais le redire encore une fois : les changements ne viennent pas de grands discours ou de belles théories mais d’expériences humaines. Et il y a quantité de musulmans en France qui vivent des nouvelles situations concrètes et se posent des nouvelles questions, que ce soit sur un plan social ou une question de sens…

 
   Posté par ismahane
le 16-06-2005 à 20:06:23
Question : Bonjour, pourqoui vous ne tenez jamais un discours "ancré dans le religieux"? est-ce parce que vous pensez que ce n'est pas votre terrain et que votre place est dans le "social"?
Réponse de Dounia Bouzar :
Oui, n’étant pas arabisante, il est hors de question que je fasse de la haute voltige herméneutique. Ce serait imposer mes propres interprétations… J’ai déjà bien du mal à avancer sur mon terrain et je passe mon temps à remettre en question mes analyses à partir de simples observations des humains… Et puis je trouve que suffisamment de gens le font. Les musulmans ont cette fâcheuse tendance de « faire parler » l’islam au lieu de réfléchir. Ils ne se demandent pas toujours ce que eux ils comprennent, mais commencent souvent leurs phrases par « l’islam dit que… ». Pourtant, qui dit Dieu dit "écoute" normalement... C’est aussi pour ça que j’aime bien les jeunes nés en France. La plupart d’entre eux trouvent que certaines anciennes interprétations ne donnent plus de sens aux situations qu’ils vivent et ils se posent cette fameuse question qui n’est pas si courante : « qu’est-ce que moi, je comprend de mon message divin, à partir de ma réalité ici et maintenant ? » Et ils se remettent en position d'écoute de ce que DIeu peut nous dire...

 
   Posté par ahmad
le 16-06-2005 à 22:06:32
Question : Paix soit sur vous Madame. Je suis parfois choqué par l'élan que vous prenez à parler au nom des jeunes. Je ne remets pas en cause votre travail d'observation ni le terrain de votre recherche mais vos conclusions me paraissent parfois légères et surement aller dans un même sens, plaire aux autres. Il y a des vérités que vous dîtes et je vous en remercie (les musulmans ont tendance à tout sacraliser) mais ne trouvez-vous pas qu'en balayant tout le travail des responsables associatifs, c'est remettre en cause l'effort d'un vrai travail de terrain. Est-ce la seule façon de caricaturer les musulmans qui agissent pour leur citoyenneté bien comprise dans l'espace de la république française? ou alors si je vous ai bien compris, le salut se trouve soit chez les notables musulmans "laics" (qui fréquentent les ministères et autres) ou chez la majorité silencieuse comme vous les qualifiez qui cachent leur conscience religieuse?
Réponse de Dounia Bouzar :
Paix sur vous aussi. Je ne sais de quoi vous parlez exactement, peut-être quelques phrases émises en émission pendant 7mn chrono... c'est très difficile de faire passer des idées si complexes lorsqu'on a si peu la parole. Je mets toujours beaucoup de temps à définir l'objet de mon travail dans mes écrits (articles et livres) et je mets toute mon énergie à monter qu'il n'y a pas un musulman exactement identique à l'autre!!! Je tente toujrous de démontrer que ce n'est pas la religion qui fait l'homme mais l'homme qui construit son rapport et sa copréhension de la religion en fonction de qu'il vit, et que les politiques feraient bien de s'occuper de social au lieu de tout islamiser les problématiques! je n'ai balayé aucun travial d'associatif... Je pense que vous n'avez pas lu mes travaux, car vous sauriez que je défends l'idée que c'est l'expérience (notamment religieuse) qui fait avancer les religions, donc certainement pas les notables et encore moins ceux qui ne pratiquent pas... vous pouvez lire sur OUmma. com le résumé de ma dernière recherche (du complexe du hamdoulilah au français de confession musulmane), je pense que vous y verrez plus clair sur les questions que je tente de partager avec vous...

 
   Posté par Khalid
le 16-06-2005 à 22:06:30
Question : Bonjour Madame, votre présence au CFCM était pour moi une signe d'espoir. Les promesses que vous aviez faites correspondant à certaines attentes : ouverture d'un espace de discussion internet par exemple. Vous démissionnez à la sortie de votre ouvrage sous prétexte que vos idées ne sont pas écoutés, et pendant tout ce temps pas de site internet pour s'exprimer comme vous l'aviez promis. Si le message est de se battre pour ses idées je trouve que la manœuvre est maladroite. Alors que beaucoup comme moi comptions sur vous, et que vous aviez pris la responsabilité d'instaurer ces nouvelles idées. Vous n'avez pas du tout donné l'impression de vous êtes battue, et même si c'est la cas vous ne l'avez pas communiqué comme promis et je pense que vous n'aviez pas le droit de démissionner. Je voudrai donc savoir ce qui vous empêchez de mettre en applications vos projet et donc de tenir la promesse faites à des milliers de français musulmans ? PS : J'admire le travail que vous faites, je souhaiterai vous encouragez (même maladroitement) pour que vous soyez encore plus présente dans l'espace musulman français.
Réponse de Dounia Bouzar :
Merci Khalid pour cette franchise qui reste constructive. Plusieurs choses. La promesse d'internet, je ne l'ai pas mise en place parce que le débat sur le foulard a emp^éché justement tout débat. On s'est tous envoyé des clichés à la figure les uns des autres; SI j'ouvrais mon site à ce moment-là, j'avais peur que cela fasse comme au CFCM. Plus de discussions possibles, l'actualité rafle tout. ON est sur la défensive, on ne déconstruit plus rien, on avance au jour le jour. Je me suis donc dit qu'il fallait attendre une ambiance plus sereine car il faut un climat de sécurité pour avoir une liberté de pensée et d'échanges. Après, je me suis sentie un peu seule. J'avais défendue les soeurs qui voulaient se voiler et j'ai eu le sentiment, pas au cfcm mais en conférence, qu'on me reprochait maintenant de ne pas me voiler, comme si la seule façon de défendre l'islam serait de se voiler, surtout après ce faux débat! Et puis les problèmes de temps et d'argent ont pris le dessus, je me suis un peu repliée sur mes recherches et comme je le dis dans mon pamphlet, j'ai tenté de prendre appui sur mon monde intérieur pour ne pas me laisser récuper par aucun "groupe", quel qu'il soit. J'avais vraiment le sentiment que plus grand monde n'arrivait à penser... Ma place n'est pas forcément facile puisque vous avez du le remarquer, je tente de déconstruire de tous les côtés, autant politiuqe que social que religieux; Je n'ai donc aucun "groupe" qui me soutienne. Je reçois beaucoup de lettres individuelles, mais je suis seule dans mon organisation de travail. Ceci étant dit, si quelqu'un sait monter un site internet et pourrait me le faire sans que cela me coûte beaucoup d'argent, je suis tout à fait partante pour qu'on mette ce projet en place et que cela soit justement l'outil et le lieu dont les frères précédents réclamaient l'instauration... POur justement qu'on avance dans nos réflexions et uniquement dans nos réflexions. En l'écrivant, cela me redonne la force de le faire! Si vous avez une connaissance, demandez à Saphirnet de vous mettre en relation avec moi... POur vos questions sur ma place au CFCM, franchement, je vous assure que je ne servais vraiment à rien. Je pense qu'ils auraient du prendre une technitienne plutôt qu'une intello parce que le bureau n'est pas un lieu où l'on échange des idées. C'est un espace où l'on élabore des stratégies. Pas assez de temps pour expliquer plus, mais sachez que votre mail m'encourage parce que cela signifie qu'il faut vraiment se mettre en réseaux, ceux qui veulent à la fois croire et penser... à bientôt alors

 
   Posté par abu ilyass
le 17-06-2005 à 00:06:41
Question : que la Paix vous accompagne Mme Bouzar ... j'ai écouté ici et là des bonnes impressions sur vos travaux et reflexions sur le travail actuel et sur le CFCM ...et sur les « les premiers français musulmans ». Pouvez vous s'il vous plait en une petite synthèse ou une explication simplifiée nous expliqer Mme Bouzar ... Pourquoi " ça suffit ? " ... Merci d'avance de votre réponse ... PS: je sais que vous l'expliquer dans votre dernier livre " ça suffit " mais je ne l'ai pas trouvais dans ma ville ... Merci
Réponse de Dounia Bouzar :
Paix sur vous. Si je dois résumer mon pamphlet « ça suffit ! », je vais dire cela. Il y a deux façons de nier l’égalité d’un individu : soit on lui demande de laisser une de ses références à la frontière (politique de la gauche pendant des années : soyez un peu moins musulman pour être plus français) soit on lui dit, « ok, vous pouvez être musulman, mais on va vous réduire à cela et vous enfermer dans cette seule référence, dans votre facette musulmane ». C’est aussi dangereux que la première solution parce que cela mène à définir les musulmans comme une entité homogène (un musulman = les musulmans), comme si on se ressemblaient tous, et du coup, on peut nous définir à notre place. Cela évite les procédures démocratiques de dialogue, de participation, etc. Cela permet aussi de faire l’économie des remises en questions politiques sur la gestion des banlieues, etc. On « islamise » des problématiques sociales : tous les comportements des jeunes seraient « le fruit de l’islam ». Du coup, on ne traite pas les vraies causes sociales : discrimination à l’emploi, au quartier, perte d’espoir social, etc. Je voudrais que les autres musulmans non français et que les autres français non musulmans arrêtent de nous définir et de penser à notre place ! voilà un peu le cri de « ça suffit ! »

 
   Posté par Miloud
le 17-06-2005 à 01:06:00
Question : que la Paix soit sur vous ... Merci à Saphir net de nous permettre de poser à des personnalités des questions et merci aux personnalités de prendre le temps d'y répondre.. c'est une très bonne initiative de votre part et je tenais à vous l'écrire encore bravo pour votre ouverture au dialogue car c'est une voix de sagesse . un petit rappel : Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon. Car c'est ton Seigneur qui connaît le mieux celui qui s'égare de Son sentier et c'est Lui qui connaît le mieux ceux qui sont bien-guidés." (sourate 16 intitulée les Abeilles, An-Nahl, verset 125).
Réponse de Dounia Bouzar :
merci, que la Paix soit sur vous. Vous avez raison de rappeller les vertues du dialogue. Nous en avons bien besoin et ce n'est pas toujours facile. Cela entraîne toujours une remise en question. et quand on est un peu public, cela est multiplié par deux. Mais c'est notre rôle à chacun de rester humble et d'avoir conscience de ne détenir aucune vérité. POurtant beaucoup cherchent des recettes, des prêts à penser, se rassurent par des étiquettes. Comme je l'écris dans "ça suffit" , dès que je vois une étiquette, je l'arrache. Mais après? Certains me reprocheront de ne faire que poser des questions. C'est le rôle des chercheurs. Repositionner les débats en tentant de poser les questions autrement, ou de poser de nouvelles questions. Et croyez moi, cela dérange énormément, plus qu'on ne le croit... Sachant que le traitement médiatique des propos sur l'islam est un vrai enjeu politique, idéologique et affectif. Difficile de faire passer les idées par les médias, et pourtant, rien ne passe sans eux. Tout n'est pas tout blanc tout noir chez eux non plus. Je pense de plus en plus que de nombreux journalistes cherchent à comprendre pourquoi on leur en veut tant. Il n'y a pas que des mal-intentionnés. Il y a beaucoup de représentations inconscientes dans le traitement de l'islam. Bref, il nous faut beaucoup de mots pour penser (panser) notre islam... QUe Dieu nous aide dans nos chemins...

 
   Posté par Fouad
le 17-06-2005 à 10:06:39
Question : Bonjour Madame Bouzar, L"évaluation du bilan du CFCM se focalise sur un projet de "places" et non sur un projet "d'idées". Le trio formant son bureau s'intéresse plus au premier qu'au deuxième. Ne faut-il pas les virer pour laisser la place à la jeunesse (à l'avenir)? A votre avis, quel projet, quel questionnement, quels outils devons-nous mettre en en oeuvre sur les interrogations des intearctions de la communauté musulmane et la socité civile française?
Réponse de Dounia Bouzar :
Sur votre première question, je pense avoir déjà répondu plus haut; SUr la deuxième, c'est une bonne question, qui a été déjà posée sous une autre forme. Oui, nous manquons de lieux et aussi d'outils, vous avez raison. Moi même, en tant que chercheuse, je ressens le manque d'endroits et de moyens pour étudier et parler libriment de ces interactions dont vous parlez et qui me passionnent. J'ai sans arrêt l'impression d'être prise en otage par les uns ou par les autres. Ce n'est d'ailleurs pas simplement une impression. Nous gagnerions beaucoup à combler ce vide et à nous mettre en réseau, avec d'autres d'ailleurs. Il faut y penser, pas assez de temps pour réfléchir à voix haute ici et maintenant avec vous...

 
   Posté par soso
le 17-06-2005 à 11:06:37
Question : Salam, tu ne penses pas que ton poste au CFCM des le depart n'avait rien de legitime puisque personne n'a voté pour toi et que l'on peut pas dire que tu rayonnes par ton savoir religieux sans parler de ta position de "sociologue de terrain" qui n'a vraiment plus lieu d'etre puisque tu es completement deconnectée du terrain. Que penses tu de mes remarques?(excuse moi si j'ai été un peu trop direct)
Réponse de Dounia Bouzar :
Salam. Je n'appelle pas cela des remarques mais des jugements. Je te laisse donc à tes certitudes, moi, justement, je préfère me poser des questions, toujours des nouvelles questions... QUe Dieu te garde.

 
   Posté par adel
le 17-06-2005 à 13:06:49
Question : Salam & Bonjour, Comment peut on parler de "l'Islam de france" alors que "l'islam en france" serai plus appropiré. La france n'est qu'une zone géographique. Avec des lois certes mais la question c'est comment vivre sa religion dans cette zone et non comment peut on mofidfier notre religion pour y vivre. Des éfforts doivent être fait dans ce sens, mais si le départ est faux, tout le sera. Les 1ère briques sont les plus importants, alors merci d'élever le niveau tout en étant aware ;)
Réponse de Dounia Bouzar :
Bonjour et paix sur vous. AU delà de la question de cette nomination, le débat que vous posez est intéressant. Je comprends ce que vous voulez dire, mais vous partez du principe qu'il existerait "une religion musulmane", toujours identique quelque soit le temps et le lieu. POurtant, si vous étudiez l'histoire musulmane, vous savez bien que l'on remarque que les hommes comprennent leur religion différemment selon l'époque, le lieu et les circonstances dans lesquelles ils vivent. Bien entendu que les grandes lignes sont intangibles , et notamment dans la relation à Dieu et dans les finalités de son message divin. Mais ce qui se décline sous forme de normes sociales et humaines évolue. C'est le fruit de l'histoire. D'autant que le Coran est un Texte qui justement se présente comme une série de réponses à des situations concrètes. Et rappelons nous aussi que les premiers savants rappelaient toujours les circonstances de Révélation pour comprendre le sens de tel ou tel verset. DOnc je pense, personnellemnet, au stade où j'en suis actuellement, que le fait d'être sur un autre lieu en France, peut nous aider justement à faire la part des choses entre le message divin lui-même et les différentes formes historiques qu'il a pris au fil des temps. C'est à dire que l'on a du mal à admettre, entre musulmans, qu'il y a d'un côté le message divin et de l'autre sa compréhension dans une culture donnée. Nous avons tendance à "sacraliser" la compréhension humaine des autres musulmans en même temps que le Coran!!! Et chacun a aussi tendance à vouloir faire passer son interprétation comme la seule interprétation... Ce que nous vivons ici, d'autres le vivent à Rabat ou à New-York. Il ne s'agit pas de se "plier" à un système dominant, lui aussi le fruit de sa propre histoire, mais bien de comprendre des nouvelles dimensions du message divin intemporel et universel grâce à cette nouvelle expérience que nous vivons au sein de ces capitales modernes. Comme je le cite souvent, lorsque j'ouvre mon Coran en étant chercheuse à Paris ou lorsque qu'une journaliste de New-York l'ouvre, nous ne le comprenons pas de la même manière que la vieille paysanne analphabète égyptienne qui n'est jamais sortie de sa cuisine! Donc arrêtons de comparer et de mettre au même niveau l'islam (un message divin, une religion) et une société (un système social, une organisation de vivre ensemble). La philosophie de l'islam peut enrichir les sociétés modernes, mais l'organisation des sociétés modernes, la séparation entre le sacré et le profane, l'interdiction de rentrer dans la vie privée des gens, la liberté de conscience (son principe en tous les cas), peuvent enrichir notre compréhension de ce que Dieu nous dit à travers notre Coran...

 
   Posté par Axelle
le 17-06-2005 à 14:06:52
Question : Madame, pensez vous que les CRCM, contrairement au CFCM, ont permis une meilleure organisation de l'islam en France ? Pourquoi semblent-ils avoir une plus grande légitimité pour la communauté musulmane que l'organe national? Enfin, comment expliquez-vous que de sa vocation d'organisation du culte initiale (que vous rappellez dans votre dernier ouvrage)ait opéré un glissement vers la "représentation des musulmans de France"? Bravo pour votre engagement et l'honneteté avec laquelle vous intervenez toujours.
Réponse de Dounia Bouzar :
Merci pour vos encouragements... Oui, je pense que les CRCM sont la force vive du CFCM... Quand j'y étais, on appelait les grandes fédérations "le CFCM d'en haut" et nous autres "le CFCM d'en bas"; Mais au fond, le vrai CFCM du bas, du terrain, du vrai, ce sont les CRCM et ils constituent l'espoir de l'organisation du culte. C'est tout simplement parce qu'une fois de plus, on peut vérifier cette idée qui m'est chère que c'est par le vécu dan sle pluralisme laïc, donc le dialogue avec les interlocuteurs de terrain, l'agir humain partagé, l'engagement dans les histoires locales, que ce type de musulmans fait avancer l'organisation (etparfois aussi la pensée) parce qu'ils se retrouvent au croisement de la compréhension de la laïcité et de la compréhension de l'islam. ils sont dans la réalité et non pas ni dans l'extase intellectuelle ni dans l'extase islamique! Ancrés dans la réalité de tous les jorus, ils cherchent des solutions pour les croyants en chair et en os qui vivent ici et maintenant. Ceci dit, cette hypothèse marche s'ils ne sont pas traversés par la question des pouvoirs et des places. Si la religion est la seule façon de trouver leur place dans l'horizon local, évidemment, c'est tronqué et le cercle vicieux se referme. Mais nombdre d'entre eux sont déjà inscrits au sein de la société par leur métier et ne passent pas par l'islam pour cela. C'est pour cela que j'espère tant en les jeunes générations qui sont en train de finir les grandes écoles... Désolée pour cette réponse un peu simple mais le forum se termine. Je n'ai pu répondre à tous mais les sujets sont ouverts. L'important c'est d'échanger. Merci à tous de m'amener à me poser tous les jours des nouvelles questions, même si je ne produit pas de réponse....

 
   Posté par Muslim
le 17-06-2005 à 20:06:39
Question : Salam alaikoum, Pensez que votre démission du CFCM a créé un débat sur les orientations du CFCM ? Avez-vous d’ailleurs chercher à envoyer un signale aux responsables du CFCM, en démissionnant ?
Réponse de Dounia Bouzar :
salem. J'aurais en effet souhaité que cela créé un débat sur les orientations du CFCM. J'aurais voulu que les responsables se rendent compte qu'en politisant le CFCM, en mélangeant le droit aux lieux de cultes et les discriminations, le gouvernement fait l'économie de remises en questions politiques. Je pense que le CFCM n'a que deux légitimités : soit il est un outil technique pour permettre aux musulmans de pratiquer librement leur culte, comme tous les autres croyants de France (construction de mosquées, cimetières etc.) soit il est un lieu de pensée où on réfléchit, à partir de cette société qui fait la séparation entre le sacré et le profane, comment on peut comprendre notre message divin. Evidemment, le CFCM peut être les deux. Mais surtout pas une istance pour "représenter" les musulmans! je me suis toujorus battue contre cette notion; IL n'y a pas besoin de nosu représenter. ce qu'il faut, ce sont des bons techniciens qui sachent organiser cette implantation de lieux de cultes en dialogue avec les autorités. c'est tout! si le CFCM dépasse cette fonction, je pense que l'on va à la catastrophe.

 
   Posté par Moustapha
le 17-06-2005 à 20:06:59
Question : Bonsoir Mme Bouzar, Je ne saisie toujours pas se qui s’est passé pour que vous changiez d’avis sur Tariq RAMADAN. Et je ne vous cache pas que je n’ai pas trouvé vos critiques vis-à-vis de TR digne d’une sociologue/intellectuel. Je veux dire par là que je n’arrive pas à cerner vos divergences d’idée avec lui et j’avais plutôt l’impression que ce n’était que des querelles de personnes à personnes, que nous pouvons comprendre. Et cela arrive pendant une période ou TR subit des attaques de toute part , ce qui nous amène à penser vous vous êtes senti obliger de choisir un camps et que celui de TR n’était le plus intéressant pour vous. Je suis désolé d’être hors sujet mais je profite de cette formidable occasion que nous offre Saphirnet pour vous poser ces questions.
Réponse de Dounia Bouzar :
Personnellement, ce que je ne comprends pas, c'est l'attitude de TR et de ses proches. Ma recherche "Monsieur Islam n'existe pas" montre quoi? QUe des musulmans qui écoutent le discours de TR le comprennent différemment selon leur parcours personnel, familial, politique et historique. Et qu'ils construisent une religiosité diffénte selon. IL y a ceux qui utilisent l'islam comme un système social, en concurence avec la société. Et il y a ceux qui au contraire, à partir de leur réalité, admettent qu'il y a toujrous une interaction entre ce qu'on comprend de son message divin et ce qu'on vit. C'est à dire qu'ils sont en train de construire une nouvelle façon d'être musulman. Je suis arrivé à cette "conclusion provisoire" à partir d'un an d'observation. Et chacun était d'accord pour que je fasse cette étude sinon ils n'auraient pas accepté de répondre à mes interviews. Le livre est malheureusement sorti au milieu des polémiques, mais le bon sens rappelle que l'on dépose 6 mois avant en maison d'édition, et qu'une recherche dure deux ans!!! Comment aurais-je pu savoir qu'il y allait avoir tout cela sur lui? Je pense que c'est ce contexte qui a autant empêché le débat, c'est dommage... Donc, non, il ne s'agit pas de querelle de personnes car je n'avais pas de "relation personnelle" avec Tariq. QUant à l'histoire du "camp", je ne sais pas de quel camp vous parlez. Si vous connaissez un peu ma manière de travailler, vous devez savoir que ma particularité, c'est de n'appartenir à aucun camps... Même si le contraire serait plus facile... En revanche, à présent, je ne vous cacherais pas que je suis très remontée. Depuis des années, il nous invite au dialogue. C'est lui qui nous poussait à discuter avec d'autres et à remettre en question ce qu'on nous dit, et quand on pose quelques questions sur son discours, il refuse le dialogue et m'accuse d'être une traite. Moi qui l'ai défendu pendant des années contre ceux qui l'accusaient du fameux double langage, voilà dans quelle situation je me retrouve... Autant je l'estimais au moment de la sortie du livre, autant maintenant, son attitude m'a énormément déçue. Il a eu des propos erronés et même mensongers me concernant, et je me dis que décidement, c'est toujours une prise de risque pour notre authenticité de mélanger Dieu et la politique.

 
   Posté par Moustapha
le 17-06-2005 à 20:06:24
Question : salamou alaykoum ma soeur. Une question, quels sont les choses a mettre en place en priorité selon toi, pour que les musulmans, plutot leurs situation soit plus positif aux yeux de leurs concitoyens ! Avec des medias qui ne nous aides pas. Merci de ta franchise. Paix sur toi.
Réponse de Dounia Bouzar :
salem à toi aussi. Personnellement, comme tu as pu le constater, j'opte pour une tentative d'objectivité et de rigueur scientifique... sachant que mon domaine reste dans les sciences humaines n'est-ce pas... Mais il est clair que même en n'ayant pas peur de remettre en question les discours musulmans, cela n'est pas plus facile avec certains journalistes. Peut-être que la première des choses à réfléchir, c'est de donner des repères aux gens non pas sur l'islam au niveau théologique (l'islam dit que...) mais au niveau de l'histoire musulmane. Histoire de leur prouver que contraitement à ce qu'ils pensent, les musulmans ne forment pas un groupe à part et sont des gens comme les autres, c'est à dire aussi le produit de leur éducation, de leur niveau social, intellectuel, etc. Parce que la première difficulté, c'est qu'on pense à notre place. C'est le début de mon cri dans "ça suffit" : Le problème, c'est que tous les discours institutionnels, politiques et médiatiques qui nous définissent à partir de leur représentation de ce que serait l'islam nous incitent à répondre à l'envers, du style "mais l'islam est beau, magnifique..." et finalement on communique "à coups d'islam" mais on ne se rencontre jamais, on ne s'atteint pas. On reste à côté les uns des autres. L'islam devient un écran. C'est quand-même le comble pour un message divin dont la finalité veut instaurer fraternité et justice sociale... Plus je travaille, plus je me demande si ce qui dérange vraiment, plus que le droit à la différence, ce ne serait pas plutôt le droit à la similitude. Etre égal tout en étant resté musulman. Etre dans les beaux quartiers, être dans les beaux métiers, tout en restant musulman. Donc peut-être qu'au lieu de défendre l'islam (sachant que l'islam n'a ps besoin de nous pour être défendu!), on ferait mieux de se défendre nous, en rentrant dans les associations et les instances de droit commun pour défendre nos droits et nos conditions de vie et prendre les places auxquelles nous avons droit. Ensuite, lorsque les gens s'apercevront que nous sommes musulmans, ils auront tellement de liens avec nous et senti de similitudes, de points communs avec nous, qu'ils réaliseront qu'au fond, nous ne sommes pas "si différents que ça". Leur représentation de nous, même inconsciente, sera changée de l'intérieur... Je ne sais pas si je suis très claire mais ce n'est pas facile par écrit. En fait, je m'inspire d'expériences vécues mais je n'ai pas de recettes. Tout ce que je peux dire, c'est que ta question est une de mes principales questions à moi aussi, et que je tente d'y réfléchir souvent...

 
   Posté par laroubi
le 17-06-2005 à 20:06:20
Question : Bonsoir, Ne pensez vous pas que le CFCM prend beaucoup trop d'espace. Je m'explique. Le CFFCM au lieu de se concentrer uniquement sur le culte s'occupe également des dimensions politiques et sociales d'une partie des citoyens français. Par exemple, des organisations constituant le bureau exécutif du CFCM ont pu se prononcer publiquement sur la question du Référendum. Les élections du CFCM révèlent une course au leadership ! Ne devons nous pas réduire les enjeux du CFCM et créer d'autres espaces plus adéquats pour porter les questions sociales?
Réponse de Dounia Bouzar :
oui, là est tout le débat que nous avons mené tous ensemble ce soir, et cela fait plaisir d'être si nombreux à réfléchir dans le même sens...

 
   Posté par Samir
le 17-06-2005 à 21:06:39
Question : Salam Aleykoum Quel serait votre réaction si les résultats d'une elections imaginés devait donner comme resultat Tariq Ramadan come president du CFCM ? Sinon j'ai cru comprendre qu'il vous accuse de lui voler son propos , ses idees Que repondez vous a cela ? Je vous souhaite beaucoup de bonne chose et qu'allah vous guide Salam Aleykoum
Réponse de Dounia Bouzar :
Salem. Si TR était Français et siégeait comme président,je lui dirai la même chose qu'aux autres (gouvernement français et musulmans eux-mêmes): de faire attention à ne pas mélanger religion et politique car cela mène à élaborer des versions sans nuances pour convaincre... Et s'il m'accuse de lui voler ses propos, comme vous le dites, c'est une bonne nouvelle pour moi, cela veut dire qu'il n'est pas si éloigné de mes réflexions alors! Et que lui aussi, comme moi et tant d'autres, il évolue dans sa façon de croire et que tous les espoirs sont permis! Rien n'est jamais figé... On va faire des grandes choses...

 
   Posté par ndeye
le 17-06-2005 à 21:06:54
Question : Salam alekoum chère soeur, je vous encourage à continuer avec votre travail. Je suis espagnole et j'observe avec intérêt ce qui se passe en France au niveau de la représentation d'un certain "type" d'islam, si je peu m'exprimer ainsi. Plusieurs questions me viennent à l'esprit: pourquoi il n'y a pas de femmes qui nous représentent? comment pensez-vous que l'on peut développer un féminisme musulman en Europe et faire connaiître les différents mouvements de "libération" des femmes en dar-el islam? merci beaucoup pour nous donner un exemple de volonté, d'engagement. On peut être musulmané, fière et libre, revendiquer ses droits et participer à la vie sociale, politique... Bref, faire entendre nos voix! Ma'a ssalama
Réponse de Dounia Bouzar :
salem chère soeur et merci pour cette chaleur. Je ne pense pas forcément qu'il existe un "féminisme musulman". Mais qu'il y a quantité de musulmanes qui sont féministes, ça oui! Car au fond, ce sont des paramètres universels qui permettent l'émancipation : l'éducation notamment! L'accès au savoir, au travail, l'autonomie financière. Qui sont celles qui vivent le plus des nouvelles situations concrètes dans les sociétés modernes? Les femmes! Normal que l'on s'approprie notre message divin nous aussi, qu'on remarque que les hommes ont valorisé le symbolisme patriarcal et masculin du Coran en "oubliant" le symbolisme féminin qui pourtant ne manque pas! Remmetre les mots en mixité, c'est comme ça que mon pamplhet termine. Mais je dis bien que des hommes sont avec nous et qu'ils nous donnent la main pour traverser la forêt et rammasser les morceaux de notre histoire, ensemble... Comme je le dis souvent, les religions (je dis bien les religions, pas "le message divin") ne sont que ce que les hommes en font, et vu ce qu'ils en ont fait, voyons maintenant ce que les femmes peuvent en faire!!! à bientôt, que Dieu nous aide à nos rencontrer.

 
   Posté par Fouad
le 17-06-2005 à 21:06:41
Question : Je suis d'accord avec les raisons de ta démission du CFCM. Il y a un travail à faire au niveau des mentalités, de la considération, de le représentativité, etc. Je suis prêt à m'engager auprès de vous pour mettre en place un espace de débat sur notre passion commune: les interactions communauté musulmane de France et société civile. J'ai considéré ta nomination au CFCM comme un espoir car j'ai lu l'ensemble de vos ouvrages dont les questionnements, et les analyses sont, à mon avis, pertinents et vont vers l'essentiel de la question de notre palce dans la société française. J'ai apprécié et j'apprécie encore vos positions. Au moins, vous, vous posez les vraies questions. Une question: Monsieur n'existe pas, est-ce que Madame islam existe?
Réponse de Dounia Bouzar :
Non, bien-sûr que Madame islam n'existe pas, il faudrait faire un peu "faire taire l'islam" (ceux ou celles qui parlent en son nom) pour rencontrer à nouveau Dieu, n'est-ce pas??? Je veux dire par là arrêter de s'approprier le sens du message divin et se remettre en position d'écoute... Faisons en sorte que Saphir nous mette en relation avec tous ceux qui ont cette demande de débats, de questionnements, et de réflexions, ce soir. Toutes ces mêmes demandes me font chaud au coeur, Dieu est grand. à bientôt

 
   Posté par AbuIslam
le 17-06-2005 à 21:06:34
Question : Assalamou Aleikoum madame Bouzar... Je voudrais savoir ce que vous avez contre les femmes du Tchad. Parceque vous n'arrêtez pas de parler d'elle. Ma femme est Tchadienne et elle vous adore. Mais bon, qu'est ce que vous avez à voir avec ce pays? Merci.. j'ai pas trouvé votre dernier livre. Vous ne le vendez pas dans les librairies islamiques, et pourquoi? merci à tous saphir aussi
Réponse de Dounia Bouzar :
Salem. Dans le désordre : ce n'est pas moi qui ne vend pas dans les librairies islamiques, ce sont les librairies islamiques qui ne commandent pas mes livres! J'aimerais bien qu'elles le fassent, cela montrerait que le vrai débat peut se faire aussi entre musulmans... Quant au Tchad, pardon à tous les tchadiens si je les ai blessés avec mon fameux exemple de la jeune femme du Tchad qui va donner comme parole la plus importante celle qui oblige le mari à nourrir ses enfants et non pas l'obligation du savoir comme les parisiennes! C'est parce que je connais bien N'Djamena, et que j'ai été très en colère de voir comment la plupart des hommes là-bas accumulent (c'est le terme) les femmes, y compris plus de 4!, et ne prennent pas soin d'elles ni de leurs enfants dans les coins les plus pauvres. Les hommes comprennent bien le Coran comme ils en ont envie. Ce n'est pas un scoop, mais lorsqu'on entend ensuite les non musulmans prétendent que c'est le produit de l'islam, c'est franchement révoltant! C'était un simple exemple pour montrer que ce sont les conditions de vie qui déterminent l'utilisation que l'on fait de sa religion, les versets que l'on va détérer de la poussière accumulée par des siècles de tradition machiste... Si votre femme m'adore, dites lui que je l'adore aussi. SI je connais bien le Tchad, c'est que Dieu m'a mise nez à nez avec un bébé abandonné qui avait encore son cordon, et qu'elle est devenue ma fille. Ma troisième fille, adoptée donc, est tchadienne. C'est un petit miracle à elle toute seule. ELle a appris à lire à 4 ans et rentre au CE2 à l'âge de 6 ans. Parce que grâce à Dieu on s'est rencontré. Que serait-elle devenu si elle avait échoué dans un orphelinat? Voilà vous savez tout sur ma relation avec le Tchad. Et quand je vois que toutes ces femmes n'ont pas accès au savoir en l'an 2005, restent dans l'analphabétisme le plus total, la pauvreté et la misère totale, cela me donne envie de hurler. Je n'ai rien contre le Tchad, mais j'en ai parfois contre tous ces hommes qui détiennent le pouvoir et formatent le monde selon leurs intérêts... Voilà, c'était le côté "DOunia révoltée"...




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