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Sur le vif

Après son expulsion, Hani Ramadan répond au ministre de l’Intérieur

Rédigé par Imane Youssfi | Lundi 10 Avril 2017 à 10:50

           


Après son expulsion, Hani Ramadan répond au ministre de l’Intérieur
Après son expulsion vers la Suisse, Hani Ramadan contre-attaque. Dans un billet paru sur son blog dimanche 9 avril, le conférencier livre sa version des faits et répond point par point au ministre de l'Intérieur Mathias Fekl.

Hani Ramadan entend faire opposition à la décision des autorités françaises, l’estimant « injustifiée ». Racontant avoir été « conduit au commissariat de Colmar, puis à la police des frontières à Mulhouse, pour enfin être ramené à la frontière suisse de Bâle. Toute cette opération s’est déroulée de 14 h 15 à 18 h 45 », il indique avoir eu connaissance de l’arrêté d’expulsion, rédigé à Paris le 7 avril, uniquement samedi 8 avril, « alors que j’étais déjà en France et après la conférence qui a bien été donnée à Colmar ».

Le prédicateur suisse dénonce une série de propos qui lui ont été faussement attribués et dénonce « des erreurs et une approche réductrice de (ses) vraies opinions ». « A titre d’exemple, il me cite : "Une vraie musulmane doit porter le voile intégral en tout lieu et en toute circonstance ; seul son mari doit pouvoir la voir sans son voile." Or, je n’ai jamais tenu ces propos ! Mon épouse et mes filles portent le voile et montrent leurs visages et leurs mains », écrit-il.

Quant à la phrase choc « La femme sans voile est comme une pièce de deux euros. Visible par tous, elle passe d’une main à l’autre », il s’en défend : « Je mets au défi M. Matthias Fekl de le prouver. Je ne me suis jamais exprimé de façon aussi réductrice. ».

La censure dénoncée

Le ministre « me reproche de mettre en évidence le pouvoir des lobbies financiers en France, alors qu’il s’agit d’une réalité objectivement mesurable, notamment dans la presse et les médias, dont l’avenir de plus d’un homme politique, hélas !, dépend », ajoute-t-il.

Aussi, « il me reproche de contester la version officielle des attentats terroristes, alors que c’est le droit de tout citoyen, dans une saine République, d’exprimer son opinion sur le sujet, en relevant des procédures expéditives menées dans un climat malsain de surenchère médiatique instantanée et qui vont à l’encontre des principes de l’Etat de droit et de la présomption d’innocence ».

« Enfin, affirmer que mes propos "contribuent, du fait de leur caractère insidieux, à provoquer à la haine, voire à la violence, à l’encontre des sociétés occidentales, des femmes ou encore des juifs", ne correspond pas du tout au message que je véhicule, message qui défend le dialogue de civilisations fondé sur le respect du prochain, et non pas sur des préjugés », déclare Hani Ramadan. Ainsi, concernant son hostilité à Israël, il rappelle son opposition à l’antisémitisme « mais que cela ne devrait pas nous empêcher de dénoncer les crimes commis contre les populations civiles à Gaza et en Palestine ».

« Monsieur le Ministre doit comprendre que je défends les valeurs républicaines autant que lui » mais « qu’est-ce donc qu’un authentique républicain ? », interroge-t-il. « Dans une République, on dialogue pour se connaitre et assurer le vivre-ensemble. Tout peut être ouvertement dit. On n’impose pas le silence, on ne vit pas dans la perspective ignoble de voir des êtres humains disparaitre en les dépossédant de leur identité. Hélas, nos démocraties ne sont pas parvenues à éradiquer les relents du fascisme et de l’ultranationalisme », conclut-il, accusant le ministère de l’Intérieur de censure.

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