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Société

A la Grande Mosquée de Paris : « Daesh détruit l'image de l'islam »

Les musulmans partagés sur l'initiative

Rédigé par | Samedi 27 Septembre 2014 à 07:10

           


Un rassemblement contre l'EI devant la Grande Mosquée de Paris, le 26 septembre.
Un rassemblement contre l'EI devant la Grande Mosquée de Paris, le 26 septembre.
Difficile d’évaluer le nombre exact de personnes venues spécifiquement pour le rassemblement contre l’Etat islamique, organisé par le Conseil français du culte musulman (CFCM) devant la Grande Mosquée de Paris à 14h45. La prière du vendredi peut en effet réunir jusqu'à 2 000 fidèles. Le résultat donne néanmoins le sentiment d’un appel à manifester relativement suivi, au regard d'une Place du Puits de l’Ermite pleine à craquer. Des centaines de personnes, principalement musulmanes, se sont rassemblées, ce 26 septembre, devant le lieu de culte pour signifier ouvertement leur horreur des exactions commises par l’Etat islamique, volontairement nommé Daesh par le CFCM.

Un hommage très particulier a été rendu à Hervé Gourdel, tué en Algérie en signe de représailles à l’intervention militaire française en Irak. Pour ou contre le nouvel engagement de François Hollande ? L'heure n'était pas au débat, bien qu'essentiel, pour les initiateurs comme pour les manifestants mais au recueillement : la décapitation d'un innocent suscite à l'unanimité un dégoût. Une minute de silence a ainsi été observée en la mémoire du guide de haute montagne.

« Vous n’avez pas à vous excuser »

« Nous, musulmans de France, disons halte à la barbarie ! », a lancé auparavant le président du CFCM, Dalil Boubakeur, en présence des responsables du culte musulman, de Mgr Michel Dubost, président du Conseil épiscopal pour les relations interreligieuses, et de plusieurs élus dont Anne Hidalgo, sa rivale aux dernières élections municipales Nathalie Kosciusko-Morizet et la députée Valérie Pécresse.

« Oui ! Notre place est ici à vos côtés, à vos côtés chers amis musulmans de Paris, Monsieur le recteur, pour vous dire que vous n’avez pas à vous excuser », a fait part la maire de Paris, devant une mosquée où « se construit depuis des années, pas à pas, un islam de France tolérant, ouvert, respectueux des lois de la République, respectueux de nos lois communes, celles qui permettent le vivre ensemble ».

« Nous sommes ici ensemble pour dire non au terrorisme. (…) Nous sommes venus dire que face à la barbarie, à la haine, au terrorisme, nous, nous parlons vivre ensemble, paix, communauté humaine, fraternité, égalité. (…) Nous ne cèderons pas à cette peur, parce que nous sommes ici debout ensemble », a ajouté Anne Hidalgo.

Le refus d'une assignation identitaire

L'occasion a été de rappeler les principes généraux qui fondent l'islam et son non au terrorisme. Une telle manifestation était-elle nécessaire pour crier cette évidence ? « Rappeler des évidences est parfois nécessaire », déclare à Saphirnews Mohammed Moussaoui, président d’honneur du CFCM, qui a répondu présent à la Grande Mosquée de Paris et pour qui « un message d’unité nationale contre le terrorisme » a été lancé. « Ils sont en train de détruire l’image de l’islam. On doit, en tant que musulmans, dénoncer Daesh. Parce que l'islam exige de nous de le faire, pas les autres », témoigne Riadh, 35 ans.

Tout en condamnant l'EI, une autre partie de la communauté interprète l'appel du CFCM comme une initiative de nature à renforcer leur culpabilité présumée à leur égard. Mohammed Moussaoui, conscient que les musulmans sont les premières victimes du terrorisme, dit comprendre le sentiment d'agacement né « en réaction aux demandes pressantes de personnes non musulmanes » à condamner ce dont ils ne sont pas responsables. Il ne partage cependant pas l’avis de ses détracteurs (le CCIF dernièrement) et invoque le rôle dévolu à son institution : « défendre la dignité du culte musulman » aujourd'hui instrumentalisé par des fanatiques.

La gêne persiste néanmoins. Outre l'assignation identitaire à laquelle des musulmans estiment être renvoyés, une faible mobilisation de leur part à des rassemblements anti-EI - la prochaine est organisée par SOS Racisme le 28 septembre - pourra aisément faire le lit des islamophobes de tout poil qui traduisent l'absence par une indifférence coupable. « Nous assistons à une banalisation d’une culpabilité ontologique qui exprime un racisme insidieux et décomplexé. Tout comme "l’antisémitisme combat la supposée perversité radicale et raciale des juifs" comme le dit Edgar Morin, l’islamophobie combat la prétendue barbarie radicale et raciale des musulmans », ont écrit Hanane Karimi, Thomas Vescovi et Nadia Henni-Moulai dans une tribune parue vendredi au Monde. L'avenir proche dira l'impact de l'âpreté du débat sur l'opinion publique.



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Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par Mohamed EL BAKI le 27/09/2014 12:45 | Alerter
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mohamedelbaki
La honte à ces "faux prophgètes qui prèchent les violences,les exactions,les meutres barbares et sauvages. Nous disons non,vous n'êtes pas autorisés à agire et parler en notre noms en tant que musulmans.
Non aux obscurantismes,intégrismes,sectarismes.
Non à la xénophobie,racisme et autres exclusions,éthniques,sociales ou religieuses.
Non aux atteintes aux Droits de l'Homme, à la dignité,à l'intégrité et à l'honneur des femmes et des hommes sans distinction de race,de nationalité ou de religion.
Toutes nos sincères condoléances et notre sympathie aux familles,proches parents,amis et collègues d'Hervé GOURDEL : paix à son âme.
" Il n'est de mal plus incurable que l'ignorance " dit un proverbe arabe.

Mohamed EL BAKI,retraité S N C F.
Militant politique,syndicaliste et associatif.
Haute-Savoie. samedi 27 septembre 2014.

2.Posté par Manola le 27/09/2014 18:12 | Alerter
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Il est très désagréable (pour ne pas dire plus) d'être constamment mis en demeure de condamner les actes barbares commis par l'EI au nom de l'islam.
Mais si nous ne faisons rien, de quel droit critiquerons-nous le silence d'une majorité de la population face aux actes islamophobes d'une poignée d'imbéciles haineux ?
Le CCIF devrait y réfléchir : ce qui est trop simple est généralement faux, ce qui est trop complexe est souvent difficile à mettre en oeuvre. Nous sommes condamnés à avancer sans jamais avoir la certitude d'avoir totalement raison...

3.Posté par spartacus le 04/10/2014 22:06 | Alerter
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Il faut arreter avec les" courbettes" indigénes, nous sommes des citoyens de plein droit, nous nous indignons face a l'alignement de nos gouvernants avec la politique étrangére américaine et israélienne, qui massacre des millions d'innocents musulmans depuis des décénnies sans émouvoir les médias qui parlent de "dommages collatéraux". Or pour nous citoyens, un innocent est un innocent jeanne ou fatima c'est pareil, en outre, dans un état de droit chacun est responsable de ses actes. Il faut etre aveugle ou complétement soumis pour ne pas voir la campagne hideuse de déferlement de haine antimusulmane virant au racisme pure et dure qui sévit en france aujourd'hui.


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