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Société

40 ans du GFIC : les couples islamo-chrétiens, « le reflet d’une société métissée »

Rédigé par Linda Lefebvre | Mardi 3 Octobre 2017 à 11:55

           

A l’occasion du 40e anniversaire du Groupe des foyers islamo-chrétiens (GFIC), une centaine de personnes se sont réunies, samedi 30 septembre, au Collège des Bernardins, à Paris autour du thème inspirant « Des raisons d’y croire ». Anciens et nouveaux membres du GFIC, prêtres et imams ont échangés sur les défis des couples multiconfessionnels, en augmentation dans une société française toujours plus métissée que par le passé.



De gauche à droite, Lucie Ziane, présidente du GFIC ; Benoît et Sana de Courcelles, membres du GFIC ; le père Eric Morin, théologien ; Miloud et Jacqueline Miraoui, fondateurs du GFIC et Dominique Fonlupt-Achbarou, ex-présidente du GFIC.
De gauche à droite, Lucie Ziane, présidente du GFIC ; Benoît et Sana de Courcelles, membres du GFIC ; le père Eric Morin, théologien ; Miloud et Jacqueline Miraoui, fondateurs du GFIC et Dominique Fonlupt-Achbarou, ex-présidente du GFIC.
« A l’heure où les mariages qui durent se font de plus en plus rares, voir des couples islamo-chrétiens avec 10, 20, 30 ans de vie commune, ça donne confiance », annonce Lucie Ziane, présidente du Groupe des foyers islamo-chrétiens (GFIC) lors du 40e anniversaire de la création de l’association. « Lieu de partage et d’échange d’expériences qui s’adresse en premier lieu aux jeunes couples qui se posent des questions et hésitent avant de s’engager », le GFIC est qualifié par certains membres de « cocons » au sein duquel les enjeux d’un quotidien multiconfessionnel sont abordés.

Fondé par des couples islamo-chrétiens dont Jacqueline et Miloud Miraoui, présents à l’évènement, le GFIC est la première association en France accompagnant des couples islamo-chrétiens. Jacqueline Miraoui raconte que seuls des foyers mixtes catholiques-protestants existaient en 1973 et qu’il a « fallu inventer quelque chose » pour les couples mixtes fondés avec des musulman-e-s.

Trente ans plus tard, Benoît et Sana de Courcelles ont pu bénéficier de l’expérience du GFIC dans le cadre de leur préparation de mariage. « Ça nous a rassuré de voir des situations qui marchaient (bien) depuis longtemps », assure Benoît. La pression des belles-familles et de la société est récurrente, témoigne les membres. « La différence fait peur, elle inquiète, elle angoisse. La peur de l’islam, le sentiment pour certains d’une perte de repères, d’une menace pour leur identité. De l’autre, le poids des interdits et des coutumes, la peur de la dilution des traditions. Le poids de l’histoire coloniale parfois », résume la présidente du GFIC.

Les questions de l’entourage des couples islamo-chrétiens concernent particulièrement leurs enfants, déjà conçus ou à venir. « Qu’est-ce qu’on va faire avec nos enfants, qu’est-ce qu’on va leur transmettre ? » sont ainsi parmi les plus posées, précise Dominique Fonlupt Achbarou, membre du GFIC après avoir longtemps assuré la présidence de l'association. Pas de réponse toute prête, « la seule réponse que nous pouvons apporter est le témoignage de notre vécu quotidien », assure Lucie Ziane.

De gauche à droite, le père Eric Morin; Miloud et Jacqueline Miraoui, fondateurs du GFIC et Dominique Fonlupt-Achbarou, membre du GFIC.
De gauche à droite, le père Eric Morin; Miloud et Jacqueline Miraoui, fondateurs du GFIC et Dominique Fonlupt-Achbarou, membre du GFIC.

« Un pont de transition entre les sociétés »

« Vos enfants, vos petits enfants sont aujourd’hui le reflet d’une société métissée, ouverte et porteuse d’espérance », estime la présidente du GFIC. « Notre mixité peut présenter un nouvel espoir pour le vivre-ensemble. Un symbole fort face à la tentation du repli identitaire et à l’enfermement », poursuit-elle. Un avis partagé par les membres, notamment Miloud Miraoui, qui considère les couples islamo-chrétiens comme « un pont de transition entre les sociétés ».

Dans une société de plus en plus métissée, les couples membres du GFIC ont opéré un travail de respect et de connaissance de l’autre qui, selon eux, est nécessaire pour le vivre-ensemble.

« Quand on épouse quelqu’un, on ne l’épouse pas contre sa religion, pour le convertir ; on ne l’épouse pas malgré sa religion, sous forme de concession. On l’épouse au moins avec sa religion car c’est une composante de ce qu’il est et on l’épouse en partie grâce à sa religion car, s’il est comme cela, c’est parce qu’il a été façonné par sa religion », explique le prêtre Henri de La Hougue, aux côtés de l'imam d'Ivry-sur-Seine Mohamed Bajrafil, qui a choisi de dénoncer, pour sa part durant son intervention, le poids du patriarcat et des traditions qui limite, voire interdit au sein de familles à référence musulmane les mariages mixtes, en particulier lorsque la femme est musulmane.

Les membres du GFIC, malgré les difficultés qui leur ont été amenés, pour certain-e-s, à dépasser dans la construction de leur couple, offrent ainsi des témoignages de réussite de la mixité.

Du 3 au 16 octobre 2017, le GFIC organise une exposition photographique de François Diot, sur le thème « Portraits de familles mixtes et heureuses », dans la mairie du 11e arrondissement, à Paris.

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